Conseil de nutritionniste Des exemples de rations pour minimiser les achats de tourteaux

« Une de nos préconisations serait de réduire l’utilisation de maïs fourrage au profit de l’ensilage d’herbe » conseille Jonathan Riocourt, nutritionniste indépendant en Auvergne pour le cabinet Bdm. « En effet, l’ensilage de maïs prend une place importante sur la capacité d’ingestion de l’animal. Concentrant que moyennement les rations en énergie, il oblige l’éleveur à mettre 1 kg de tourteau pour 10 kg d’ensilage de maïs. Il est donc souvent plus judicieux de valoriser une herbe produite sur l’exploitation riche en Mat, et de corriger la ration en énergie avec des céréales ou du maïs épi par exemple. »

Valoriser le maïs en grain plutôt qu’en ensilage

Voici un exemple de ration d’un éleveur laitier du Tarn (81) en traite robotisée pour 10.000 kg de lait /VL avec seulement 1,4 kg de tourteau.

Ration quotidienne de mai 2014 – 7,4 mois de rang de lactation – 32,5 kg/j/VL, TP 32,9 – TB 38,3 :

Augmenter la teneur en Mat du maïs grain

Autre stratégie pour limiter l’apport de tourteaux : valoriser les céréales de l’exploitation (maïs grain humide par exemple) avec un traitement enzymes + urée alimentaire (technique du Maxammon) afin d’augmenter la teneur en protéines brutes des céréales et d’augmenter leur pH. « Cette stratégie permet de valoriser ses propres céréales et de s’affranchir des fluctuations du marché des tourteaux. Néanmoins, si les cultures sont totalement autoconsommées, la paye de lait reste la seule source de revenu du système. »

Exemple de ration d’un éleveur laitier de Haute-Loire (43) pour des vaches à 30 kg de lait avec 3 kg de tourteau

Ration quotidienne de juin 2014 – 6,5 mois de rang de lactation – 28 Kg/j//VL, TP 32,7 – TB 39,5

Acheter des coproduits et vendre ses cultures

Une autre stratégie intéressante pour limiter l’apport en tourteaux est de trouver des coproduits provenant de circuits courts, issus de Pme agroalimentaires alentour par exemple. Des déchets d’Iaa, comme les tourteaux de noix et noisettes ou des vinasses peuvent s’avérer des produits économiquement intéressants. Cela implique de faire évoluer régulièrement la ration, tout en conservant une certaine stabilité dans la qualité de celle-ci. Dans cette stratégie d’achats de coproduits, il faut être opportuniste pour saisir les occasions locales et aimer négocier.

Concernant l'achat des matières premières azotés ou non, pour Jonathan Riocourt, « aujourd’hui, dans les exploitations, il n’y a pas toujours d’intérêts à utiliser des aliments du commerce. En apportant des matières premières simples et nobles, les éleveurs ont la certitude de connaître la composition et les valeurs alimentaires des produits qu’ils utilisent. » Le plus simple est souvent de travailler en direct avec un courtier, afin d'éviter les intermédiaires et donc travailler en direct lieu départ ou port.

Pour optimiser cette stratégie, il faut aussi savoir vendre les produits de ses cultures. Il est
impératif de se concentrer sur les cultures que l’on sait produire (en cas de revente, nous avons la garantie d’un volume minimal…). La contractualisation des achats (co-produits, tourteaux...) et des ventes sur le long terme est souvent déterminante dans la rentabilité de l'entreprise.

Exemple d’un éleveur du Puy-de Dôme (63) qui a utilisé cet hiver du Corn gluten feed humide, un coproduit issu de l’amidonnerie de maïs.